Située à distance presque égale entre Paris (113 km) et Dijon, la ville de Sens doit à son passé et à son siège archiépiscopal d’occuper une place importante parmi les cités françaises.
Emblème des archevêques de Sens – primat des Gaules et Germanie
Le vrai titre de la cathédrale est CATHEDRALE METROPOLITAINE ET PRIMATIALE SAINT ETIENNE DE SENS.
Les archevêques de Sens étaient "Primats des Gaules et Germanie".
Façade de la cathédrale (actuellement en travaux) photo : Guillet-Lecuyer
Dans l’organisation de la Gaule, les Romains firent de Sens la capitale de la quatrième Lyonnaise (Lugdunensis senonia) et du IIIème siècle et durant tout le moyen-âge elle resta la métropole d’une vaste province ecclésiastique surnommée C.A.M.P.O.N.T., acronyme des initiales des évêchés suffragants de Sens soient :
– Chartres
– Auxerre
– Meaux
– Paris
– Orléans
– Nevers
– Troyes
C’est seulement en 1622 que Paris fut érigé en archevêché, prenant une moitié de la province ecclésiastique senonaise pour former une nouvelle métropole (avec Chartres, Meaux et Orléans).
On peut encore voir à Paris un témoin de la puissance des archevêques de Sens : l’hôtel des archevêques de Sens situé dans le Marais et construit de 1475 à 1519 par l’archevêque Tristan de Salazar.
Cette demeure est le symbole du rapport de force entre l’archevêque de Sens et l’évêque de la capitale, simple subordonné.
Photos de l’Hôtel de Sens (Paris-IVè arrondissement)
C’est vers 1130, à l’époque où Suger se préparait à reconstruire l’abbatiale de Saint-Denis, que l’archevêque Henri Sanglier jeta les bases de l’immense nef qu’allait recouvrir une voûte sur croisée d’ogives, d’après les nouvelles règles de l’art gothique.
La cathédrale de Sens est donc considérée comme le berceau de l’art gothique avec la basilique St Denis (Seine Saint-Denis), la cathédrale de Noyon et l’église de Morienval (Oise).
En 1164, le pape Alexandre III consacra la nouvelle cathédrale.
Même si la cathédrale garde des proportions d’édifice roman, elle fait pressentir les fantastiques possibilités de l’art gothique.
La cathédrale de Sens a subi au cours des siècles quelques remaniements mais a conservé son homogénéité :
– incendie en 1184 : aggrandissement des fenêtrees hautes du choeur et de la nef (1200-1250)
– construction du transept à partir de 1500 sous les ordres de l’archevêque Tristan de Salazar par le maître d’oeuvre Martin Chambiges (celui qui a réalisé également les transepts des cathédrales Notre Dame de Senlis et Saint-Pierre de Beauvais) dans le style du gothique flamboyant.
– en 1534 vit l’achèvement de la tour de pierre reconstruite à la fin du XIIIème siècle avec l’ajout d’un clocheton (hauteur totale de 78m).
La tour conserve les 2 énormes cloches (dites Savinienne et Potentienne en l’honneur des premiers saints martyrs de Sens) pesant respectivement 16 et 14 tonnes, fondues à Sens en 1563, presque les seules en France ayant survécu à la tourmente révolutionnaire.
Les vitraux conservés dans la cathédrale
4 datent de la fin du XIIème siècle :
– séjour à Sens de Saint Thomas Becket
– vie de Saint-Eustache
– parabole de l’Enfant prodigue
– parabole du Bon Samaritain
De nombreuses autres verrières historiées des XIIIè, XIVè et XVIè siècles garnissent les fenêtres des chapelles et les roses du transept :
– rose sud représentant le jugement dernier et la vie de Saint-Etienne,
– rose nord représentant le concert d’anges musiciens célébrant le Christ glorieux.
Le trésor de la cathédrale est le plus riche conservé en France avec celui de l’abbaye Sainte-Foy de Conques avec orfèvreries, ivoires, tissus antiques et tapisseries.
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